Le Cognac et l’Armagnac sont des spiritueux français qui ont pour premier point commun d’avoir leurs propres AOC. Ils sont souvent comparés voir opposés de par leurs similitudes et leurs différences pour leurs arômes, leur rayonnement ou leur méthode de production… Voici un rapide tour d’horizon pour éclaircir le sujet.
La zone de production
Le Cognac et L’Armagnac sont produit dans le Sud-Ouest de la France dans des zones définies depuis 1909. La production de Cognac est délimitée par une zone de production de 6 crus allant de L’Ile de Ré jusqu’à La Roche-Chalais. Les meilleurs raisins sont cultivés sur des sols argilo-calcaires et bénéficient de températures douces et de l’humidité océanique. L’Armagnac quant-à-lui est produit dans une zone plus petite délimitée par 3 crus, allant des Landes jusque dans le Gers. Les meilleurs raisins sont cultivés sur des sols sablonneux et bénéficient d’un climat chaud.
La production
L’appellation Cognac comprend une superficie de 83 140 hectares de vignes pour près de 4 413 viticulteurs et bouilleurs de cru (1), 265 maisons de négoce, 119 bouilleurs de profession, 17 000 emplois directs et plus de 60 000 personnes vivant du Cognac. La production d’Armagnac, s’étend sur 5 300 hectares de vignes pour 733 viticulteurs, 40 maisons de négoce, 682 comptes de producteurs actifs et 164 comptes de négociants actifs. En termes de production de bouteilles à l’année, le Cognac est largement en tête avec 212.5 millions de bouteilles en 2022 contre 3 millions de bouteilles pour l’Armagnac.
Volumes qu’il faut mettre en perspective avec la présence à Cognac, de Grandes Maisons détenues par des Grands Groupes, véritables locomotives pour promouvoir le cognac telles que : Hennessy (LVMH), Martell (Pernod Ricard), Rémy Martin (Rémy Cointreau), Courvoisier (Suntory). Elles représentaient 83.5% des volumes en 2008.
Les cépages
Le Cognac est produit avec de l’Ugni Blanc,qui est le cépage majoritaire soit 98% du vignoble. Ensuite on retrouve un peu de Folle Blanche et de Colombard qui représentent 2% de l’ensemble du vignoble, avec plus récemment l’apparition du Follignan (cultivé au Domaine de La Pouyade).
Pour l’Armagnac, le cépage majoritaire est toujours l’Ugni Blanc avec 55% de la superficie. Puis viennent le Baco (30%), le Colombard et la Folle Blanche (5% chacun) et enfin, 6 autres cépages se partagent les derniers 5% (le Jurançon Blanc, la Blanquette, le Mauzac Blanc, la Clairette de Gascogne, la Meslier Saint François, le Plant de Graisse). Cela est dû à la tradition de la région qui produit également beaucoup de vins, dont les marques très réputées Tariquet (8m. de cols) ou encore Uby. Alors que la production de vins I.G.P Charentais, elle, est plutôt anecdotique mais se développe et s’organise de plus en plus.
L’élaboration
Championne de la double distillation, l’AOC Cognac comprend près de 3 000 alambics Charentais qui sont utilisés jusqu’au 31 mars de l’année qui suit la récolte au maximum afin de distiller le vin servant à la création de l’eau-de-vie de cognac. À savoir que pour être distillé, le vin doit titrer entre 9% et 12% en volume d’alcool. Pour obtenir 1 litre d’eau-de-vie à la sortie de l’alambic, il faut 9 litres de vin. 2 chauffes sont nécessaires pour obtenir l’eau-de-vie de cognac titrant entre 70.6° – 73.6° vol. À noter que ces distilleries sont aussi largement utilisées pour d’autres catégories localement Whisky, Vodka, Gin…
L’Armagnac lui, compte 120 alambics. La distillation est simple dans un alambic continu Armagnaçais qui fait la spécialité de l’armagnac (bien que la double distillation soit également autorisée depuis 1972). À la sortie de l’alambic, l’eau-de-vie d’Armagnac est titrée entre 52 et 60% vol.
Le vieillissement
Le vieillissement du Cognac et de l’Armagnac est similaire à première vue car ils vieillissent tous deux dans des fûts de chêne du Limousin en grande majorité, et moindrement dans des fûts de chêne de la forêt de Tronçais. Pour l’Armagnac, l’autre alternative est le vieillissement en chêne noir de Gascogne qui grâce à ses tannins (2), apportent les notes d’épices et la couleur à l’eau-de-vie.
Enfin l’Armagnac dispose aussi de sa propre AOC pour sa version non vieillie : la blanche Armagnac, crée en 2005, alors que le Cognac ne peut pas bénéficier de l’Appellation sans vieillissement.
Les arômes de dégustation
C’est toute la magie du savoir-faire Français et la richesse de nos spiritueux traditionnels, car malgré certaines similitudes le Cognac et l’Armagnac possèdent tous deux leur propre palette d’arômes. C’est le terroir qui s’exprime mais aussi un savoir-faire ancestral de par ses choix : vinification, distillation, fûts, assemblage… Autant de composantes qui peuvent influencer le goût et garantir la diversité.
On retrouve quelques marqueurs similaires entre le Cognac et l’Armagnac selon le degré de maturité de l’eau de vie : pruneau, l’écorce d’orange, le coing, le cacao, l’amande, la figue, la noix, les épices et la douceur naturelle avec des textures riches, et complexes.
Les arômes et caractéristiques les plus fréquentes sont relativement plus subtiles sur le cognac du fait de la double distillation : fleurs, agrumes, pêche, fruits secs et une texture globalement plus légère, mais riche et longue en saveurs.
Rappelons que la dégustation est très subjective, on vous recommande vivement de vous faire votre opinion, pourquoi pas parmi ces belles maisons avec lesquelles nous partageons valeurs, expériences, distribution ou voyages au fil du temps par exemples :
Lexique :
(1) Personne habilitée à produire ses propres eaux-de-vie sur son site de production.
(2) Substance amorphe très répandue dans le bois, l’écorce, les feuilles et/ou les racines de nombreux végétaux
Sources :
https://www.heavenlyspirits.com/pos-materials/training-materials/
https://www.armagnac.fr/les-parfums-de-l-armagnac